Titre original : La chambre des morts..
Ecrit en : 2005
Editeur : Le Passage
Paru en France en : 2005
352 pages
ISBN : 978-226662951
Licenciés depuis plusieurs mois, Vigo et Sylvain décident de se venger en taguant les murs de leur ancienne entreprise. Sur le chemin du retour, ils renversent un piéton. L'homme est mort sur le coup, avec à ses côtés un sac rempli de billets. L'endroit est désert, leurs tags suffisamment évasifs pour que personne ne sache exactement à qui les attribuer et l'accident a eu lieu à des kilomètres de chez eux. Personne ne peut les soupçonner, alors pourquoi ne pas s'enfuir avec l'argent ?
Le lendemain, ils apprennent que l'homme qu'ils ont renversé était un richissime médecin venu payer la rançon de sa fille. Au lieu de ça, l'enfant a été retrouvée morte. La police n'a aucun indice, mais une certitude : l’assassin, lui, a vu ce qu'il s'était passé.
Je suis trop contente de mon résumé ! J'espère qu'il vous a mis l'eau à la bouche Dommage, mais ma chronique va peut-être vous tempérer un peu. En effet, l'auteur a de très bonnes idées, un style plutôt agréable à lire, mais ne va pas au bout de son récit, laissant un mauvais goût d'inachevé au lecteur.
Dans ce roman, nous n'avons pas affaire à une, mais à plusieurs histoires, pas toujours bien imbriquées les unes avec les autres, et c'est vraiment dommage.
D'abord, Sylvain et Vigo, chômeurs qui peinent à retrouver du travail. Ils deviennent des criminels "par accident", mais comment résister à des millions d'euros quand on à du mal à faire vivre sa famille ? Malheureusement, Sylvain a une conscience et Vigo non. Avant même que l'assassin les retrouve, la situation entre les deux hommes va prendre une tournure dramatique. Du coup, on se demande un peu à quoi aura servi que le tueur les voit, l'intrigue ayant pu se suffire à elle-même.
Ensuite, l'histoire la plus intéressant, l'enquête sur un mystérieux tueur de petites filles qui prend soin d'elle comme de poupées et semble être un expert taxidermiste. C'est glauque, un brin malsain, mais jamais vulgaire. Franck Thilliez a eu une excellente idée qu'il maîtrise et a bien potassé la personnalité de son personnage. Il est question de psychologie, de taxidermie, de peinture et de médecine. Dommage qu’on sache déjà le nom de l’assassin à la moitié du bouquin.
Enfin, être un bon policier n'empêche pas d'avoir un vie de famille. C'est le cas du brigadier Hennebelle, jeune mère célibataire de deux jumelles qui rêve de devenir profileuse. Son goût pour le morbide ne l'empêche pas d'avoir des désirs de femme, parfaitement incarné par son supérieur. Autrement dit, entre découverte macabre et introspection psychologique, le lecteur a droit au problème de famille et aux fantasmes de la jolie inspectrice. Pas franchement utile à l'intrigue, voire ennuyeux, et le goût du glauque du personnage, là, pour la coup, était un peu dérageant.
Malgré un manque de développement sur certains points, La chambre des morts est un thriller très intéressant, basé sur une idée originale et bien travaillée. Au niveau du style, on sent que l'auteur se cherche encore entre de longues phrases imagées et un peu pompeuses, ou au contraire des exclamations très courtes donnant un rythme rapide à la lecture. Le tout reste très agréable et prometteur pour la suite, étant donné que ce titre le premier roman de l'auteur.
Mais avec de si bonnes bases, pourquoi avoir autant bâclée la fin ?!?!?!
On n'a même pas le droit d'assister aux derniers éléments de l'enquête, l'auteur ayant préféré l'ellipse narrative pour une mystérieuse et agaçante raison, si ce n'est flouer le lecteur. Le dénouement nous est raconté en quelques lignes par l'un des personnages et se termine sur des élucubrations passablement ridicules sur la destinée. Vraiment dommage.