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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 22:49

Chaque année, les CROUS organisent des concours nationaux autour d’un thème commun et dans des domaines aussi divers que l’écriture de nouvelles, la BD, la photo, le film court, la peinture et les arts numériques.

En 2010, j'ai participé à celui sur le thème de "LA PEUR"

 

 

Il ne doit pas savoir. Quoi qu'il arrive, il ne doit jamais savoir.

 

- Bonjour.
- Bonjour. T'es déjà debout ? C'est rare de te voir levée avant moi. Y'a quelque chose qui ne va pas ?

Sa question lui fit l'effet d'un coup de poing et la jeune femme manqua de s'étouffer avec sa bouteille d'eau. Une crampe d'estomac lui noua soudainement les tripes.

- N...non, pas spécialement. Pourquoi tu me demandes ça ?

- Juste comme ça.

« Juste comme ça ? C'est quoi cette réponse ? » Mélanie n'était pas convaincue de la sincérité de son homme. Est-ce qu'il serait déjà au courant ? Non, ce n'est pas possible, pas aussi vite. Et puis, il ne serait pas aussi décontracté, si il savait. A moins que ce ne soit le calme avant la tempête ?

Les interrogations se bousculaient dans le cerveau de la jeune fille qui fonctionnait à toute vitesse, imaginant les pires scénarios. Elle se mit à suer à grosses gouttes à force de se triturer les méninges, ce qui n'échappa pas à son conjoint.

- T'as déjà été courir ?

- Pardon ?

- T'as déjà été courir ? répéta Julien en la détaillant des pieds à la tête.

Elle suivit son regard qui s'attardait sur son jogging et ses baskets. Elle porta une main tremblante à sa veste, comme si elle découvrait sa tenue en même temps que lui. Elle semblait ailleurs et avait du mal à maîtriser ses mouvements.

- J'allais y aller.

- T'es sûre ? T'es déjà trempée.

« Au mon dieu ! Il va tout deviner ! Il faut que je me calme, il faut que je me calme ! »

- C'est juste que j'ai chaud ici. Je sors de la douche, alors...

Et elle se dirigea vers la porte. Ses jambes flageolaient mais elle tint bon. Quand elle posa sa main sur la poignée, celle-ci glissa tant elle était moite.

- Tu reste déjeuner avec moi ?

La question la surpris au-delà de toute limite et elle suspendit son geste Lui qui ne déjeunait quasiment jamais.

- Parce que tu déjeunes, toi, maintenant ?

- C'est samedi, j'ai le temps.

Elle sentit un frisson lui parcourir l'échine, mais le rejoignit tout de même au salon. La perspective de rester seule face à lui ne l'enchantait pas, mais un refus aurait été encore plus suspect.

- Ça te dirait des pancakes ? lui proposa t-elle alors. Je sais que tu adores ça et je suis motivée, alors profites-en.

- Des pancakes ? Et ton régime ?

- Des pancakes pour toi tout seul. Moi, ça ne me dit trop rien. J'ai un peu mal au ventre ce matin.

C'était le moins qu'on puisse dire. Son estomac était tellement noué qu'elle se demandait comment elle tenait encore debout. Elle se tordit nerveusement les doigts en attendant sa réponse. Elle voulait s'enfermer dans la cuisine au plus vite pour pouvoir se préparer à cette épreuve. Car, à n'en pas douter, ce déjeuner serait un calvaire. Elle détestait mentir et ne savait pas le faire. Elle était convaincue que cela se voyait comme le nez au milieu de la figure et il avait sans doute déjà deviné que quelque chose clochait. D'ailleurs, il ne la quittait pas des yeux depuis tout à l'heure. Elle sentit l'angoisse grandir quand il s'approcha d'elle et une boule se former dans sa gorge. Au moment où il tendit la main vers elle, Mélanie ferma les yeux, tandis qu'il replaçait une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Si tu veux, murmura t-il en déposant un baiser léger sur ses lèvres. Je vais même t'aider, tiens.

Mélanie le fixa un instant, bouche bée. Il n'avait jamais mis la main à la pâte, surtout pas dans la cuisine. Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi aujourd'hui ? Décidément, son comportement était de plus en plus suspect. Avait-il décidé de jouer avec ses nerfs ? Si c'était le cas, elle ne tiendrait pas. Elle était déjà au bord de la rupture. Tout en le suivant à la cuisine, elle se demanda pour la énième fois depuis ce matin, ce qui lui avait pris de faire ça. C'était une bêtise qu'elle n'aurait jamais dû commettre, mais ça avait été tellement bon. Une expérience au-delà de tout, mais une expérience qu'il devait ignorer à jamais. Elle plaqua donc son plus beau sourire sur son visage et avança d'un pas déterminé vers la cuisine, où elle se heurta à un mur. Il s'était arrêté brusquement au beau milieu du couloir et ses yeux brillaient d'une lueur étrange. Mélanie sentit toute sa détermination s'envoler et recula d'un pas, effrayée. Il s'avança vers elle, sûr de lui et de sa supériorité, et lui demanda :

- Je te trouve bien gentille, ce matin. T'as quelque chose à me demander ?

Elle déglutit péniblement, tant sa gorge était sèche. Elle voulu lui répondre, mais aucun sens ne sortit de sa bouche. Elle secoua la tête de droite à gauche, tandis que ses yeux s'embuaient.

- Alors... quelque chose à te faire pardonner ?

Cette fois, son cœur manqua un battement et elle eut toutes les peines du monde à ne pas s'effondrer à ses pieds. Elle se sentait à l'étroit dans ce couloir et avait besoin d'air. Elle voulait aussi cacher ses larmes qu'elle avait du mal à retenir. Ses sentiments s'emmêlaient, la culpabilité succédant à la panique, puis le découragement. En quelques minutes, elle eut envie de toute abandonner et de s'effondrer en larmes en lui demandant pardon ; et l'instant d'après, elle se montrait combattive et prête à emporter son secret dans sa tombe. L'angoisse allait grandissante et l'oppressait de plus en plus. Elle avait l'impression que sa tête allait éclater. Elle avait vraiment besoin de s'isoler, de se retrouver seule le temps de se reprendre et de réfléchir.

- Tout va bien, alors laisse-moi passer.

Elle le bouscula pour entrer dans la cuisine et pris alors conscience de toute l'horreur de la situation. Là, sur le plan de travail, la preuve de sa faute était exposé aux yeux de tous, et surtout à ses yeux. Comment avait-elle pu être aussi stupide ? Alors elle n'y tint plus et explosa.

- Oui, c'est vrai, j'ai craqué. Je n'ai pas pu résister à la tentation. Mais il était là et pas toi. Et moi, j'en avais envie, tellement envie. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Je me suis jeté sur lui et... et...

Son corps était secoué de sanglots et elle ne parvint pas à terminer sa phrase. Elle avait eu terriblement peur qu'il découvre ce qu'elle avait fait et, en même temps, elle se libérait d'un poids en lui racontant. Mais maintenant, elle craignait sa réaction, redoutait les conséquences de ses actes.

Contre toute attente, il la serra dans ses bras et la réconforta.

- Tout va bien. Je ne t'en veux pas, ça peut arriver à tout le monde.

- Mais qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? gémit-elle.

- Eh bien... on va juste aller racheter du beurre à la supérette.
Et il l'enlaça plus fort en se disant que son régime commençait vraiment à lui monter à la tête.

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