Titre original : Flowers for Algernon
Ecrit en : 1959
Traduction de Georges H. Gallet
Editeur : J'ai lu
Collection : Science-fiction
Paru en France en : août 2008 (Première édition française en 1989)
251 pages
ISBN : 978-2290312957
Algernon est une souris ; une souris de laboratoire dont l'intelligence a été accrue par une opération chirurgicale. Algernon est la plus belle réussite des docteurs Strauss et Nemur car elle confirme leur théorie et va leur premettre de passer au stade suivant : l'expérimentation humaine. Leur choix se porte sur Charlie Gordon.
Charlie est un bon garçon qui fait le ménage dans une boulangerie. Le soir, il suit des cours pour adultes arriérés avec Miss Kinian car, malgré ses difficultés, le jeune homme souhaite apprendre à lire et écrire pour devenir intelligent. Les recherches menées par l'Université Beckman vont lui permettre de réaliser son rêve, mais les conséquences de cette opération seront bien différentes de ce que Charlie avait imaginé.
Une structure narrative au plus proche du héros.
Le récit est présenté sous la forme de comptes-rendu que Charlie doit écrire régulièrement pour l'expérience. Dans les premières pages, on découvre donc un personnage enfantin, qui ne peut utiliser pleinement ses capacités mentales. Le texte est bourré de fautes, court et principalement composé de faits car Charlie ne sait pas réfléchir. Quelque peu déroutant au début, on s'attache finalement très vite à ce personnage atypique qui découvre le monde au fur et à mesure de ses écrits.
A travers le texte, on peut constater l'évolution du personnage : les comptes-rendu deviennent plus clairs, plus structurés, contiennent de moins en moins de fautes et Charlie commence à se souvenir. C'est incroyable de pouvoir constater l'évolution d'un homme à travers ses mots et Daniel Keyes réussit là à bâtir une superbe structure narrative qui permet au lecteur d'être au plus près du héros.
Un personnage émouvant
Charlie est un personnage touchant, un "enfant" qui évolue soudainement, de manière trop rapide, trop brusque. En recouvrant ses facultés, il réalise que les gens autour de lui n'ont eu de cesse de se moquer ou d'avoir honte. Ce qu'il prenait pour de la gentillesse, de l'amitié, n'était en fait que l'expression d'une certaine gêne ou d'un supériorité. En même temps que Charlie découvre la dure réalité des relations humaines, on souffre avec lui, on compatit à sa peine et je dois même avouer avoir verser quelques larmes.
Même plus tard, au summum de son génie, alors que Charlie devient imbu de lui-même et condescendant, le lecteur ne peut qu'être touché par sa quête d'identité et ses carences affectives.
Une réflexion sur la condition humaine
Finalement, Charlie n'était-il pas plus heureux quand il ne comprenait pas ce qui l'entourait ? Il avait des amis, un travail et des gens aimant autour de lui. On pouvait se moquer de lui autant qu'on le voulait, il ne s'en rendait même pas compte.
D'un autre côté, peut-on encore être heureux et insouciant en sachant ce qu'on a perdu ? Car tout comme une part de Charlie restait tapie dans l'ombre de son nouveau moi, le nouveau Charlie ne restera-t-il pas quelque part dans un coin de son cerveau, une fois qu'il sera redevenu comme avant ?
Personnellement, j'oscille entre les deux et n'arrive pas à me décider. La fin du roman, les réflexions de Charlie intelligent et les derniers comptes-rendu, loin d'être aussi mauvais que les premiers, laisse penser que le héros gardera toujours une trace de cette expérience au fond de son subconscient. D'un autre côté, si Charlie régresse et n'est plus capable de se souvenir, qu'est-ce qui l'empêche de retrouver un vie entourée de gens qui l'aime, comme avant ? Et ce, même si le lecteur sait que cette amitié, cette affection, n'est pas sincère.
Des fleurs pour Algernon est une oeuvre forte, poignante et bien écrite, malgré quelques longueurs dans la deuxième partie du récit.